péché originel
Le péché originel est une doctrine de la théologie chrétienne qui décrit l'état dégradé de l'humanité depuis la chute, désobéissance d'Adam et Ève, qui mangèrent le fruit défendu de l'arbre de vie.
Origine du lieu théologique.
Pour saint Augustin, le monde est bon si on le contemple dans la perspective de Dieu mais l'homme tombe dans le péché quand il le voit dans la perspective des hommes 3. Pour Augustin, l'amour du monde rend les hommes sensibles à la concupiscence et les entraîne dans l'amour du monde en tant que création de la créature. Si c'est là pour Augustin le péché véritable, il est malgré tout le fruit de l'orgueil, superbia, qui veut que l'homme soit l'égal de Dieu, qu'il soit aussi créateur que Dieu, de sorte qu'il déforme, perversitas, le sens originel de son être créé, qui était de le renvoyer par-delà le monde à sa véritable origine. Saint Augustin commence à développer ses idées sur le péché originel et la nécessité de la grâce dans son livre Ad Simplicianum.
Le péché originel fait référence à la Genèse, lorsqu'Eve et Adam, séduits par le serpent, succombent à la tentation de connaître le bien et le mal, plongeant ainsi l'humanité dans la souffrance.
Ancien Testament
Gen 2/5-3/23
Le paradis terrestre.
Le rédacteur final du récit de la Genèse devait expliquer pourquoi Dieu, qui voit que sa création est bonne, a-t-il pu créer l’homme imparfait qui assume l’avenir de son espèce, que lui et ses contemporains voyaient vivre sous ses yeux.
La faute à qui ?
Seuls, les livres grecs de l’Ancien Testament, les plus récents, comme l’Écclésiastique et la Sagesse, font clairement allusion au récit du paradis terrestre et à ses conséquences.
Les mots pour le dire.
La Genèse ignore le mot péché, et emploie des expressions équivoques.
Avon = Iniquité.
מִנְּשֹׂא עֲוֹנִי גָּדוֹל : יְהוָה-אֶל קַיִן וַיֹּאמֶר
Kαὶ εἶπεν Καιν πρὸς τὸν κύριον : Μείζων ἡ αἰτία μου τοῦ ἀϕεϑῆναί με·
Dixitque Cain ad Dominum : Maior est iniquitas mea, quam ut veniam merear
Caïn dit au Seigneur : mon iniquité = mon châtiment, est trop lourd à porter. Gen 4/13.
Pecha = Faute
וַיִּחַר לְיַעֲקֹב, וַיָּרֶב בְּלָבָן; וַיַּעַן יַעֲקֹב, וַיֹּאמֶר לְלָבָן, מַה-פִּשְׁעִי מַה חַטָּאתִי, כִּי דָלַקְתָּ אַחֲרָי
ὠργίσϑη δὲ Ιακωβ καὶ ἐμαχέσατο τῷ Λαβαν· ἀποκριϑεὶς δὲ Ιακωβ εἶπεν τῷ Λαβαν Τί τὸ ἀδίκημά μου καὶ τί τὸ ἁμάρτημά μου, ὅτι κατεδίωξας ὀπίσω μου
Tumensque Iacob, cum iurgio ait : Quam ob culpam meam, et ob quod peccatummeum sic exarsisti post me
Jacob s’échauffa et prit Laban à partie ; il s’écria : quelle est ma faute ? quel est mon délit, que tu fulmines contre moi ? Gen 31/36
Hahtah = Offense
מַמְלַכְתִּי-וְעַל יעָלַ הֵבֵאתָ-כִּי לָךְ, חָטָאתִי-וּמֶה לָּנוּ עָשִׂיתָ-מֶה לוֹ וַיֹּאמֶר לְאַבְרָהָם אֲבִימֶלֶךְ וַיִּקְרָא
καὶ ἐκάλεσεν ᾿Αβιμέλεχ τὸν ῾Αβραάμ, καὶ εἶπεν αὐτῷ· : τί τοῦτο ἐποίησας ἡμῖν ; μήτι ἡμάρτομεν εἰς σέ,
Vocavit autem Abimelech etiam Abraham, et dixit ei : Quid fecisti nobis ? quid peccavimusin te.
Puis Abimélek convoqua Abraham et lui dit : Que nous as-tu fait ! En quoi ai-je péché = offensé contre toi. Gen 20/9
La Vulgate introduit la racine peccare = pécher, au sens de commettre une faute, là où l’hébreu et la Septante emploient souvent un autre mot, synonyme.
L’Ancien Testament retient pour faute le fait de se détourner de Yahvé. Mais Eve rend l’homme à son destin : en supprimant son immortalité paradisiaque, elle donne à Adam sa nature, sa liberté.
Nouveau Testament
Péché et ses synonymes
Amartia = Faute, manquement
Tέξεται δὲ υἱὸν καὶ καλέσεις τὸ ὄνομα αὐτοῦ Ἰησοῦν, αὐτὸς γὰρ σώσει τὸν λαὸναὐτοῦ ἀπὸ τῶν ἁμαρτιῶν αὐτῶν.
Pariet autem filium, et vocabis nomen eius Iesum: ipse enim salvum faciet populum suum a peccatis eorum
Et elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. Matthieu 1/21
Transgression.
Parabainô
Διὰ τί οἱ μαθηταί σου παραβαίνουσιν τὴν παράδοσιν τῶν πρεσβυτέρων
Quare discipuli tui transgrediuntur traditionem seniorum ?
Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? Matthieu 15/2
Parerchomai
Φαρισαίοις, καὶ παρέρχεσθε τὴν κρίσιν καὶ τὴν ἀγάπην τοῦ θεοῦ.
Pharisaeis, et praeteritis iudicium et caritatem Dei
Pharisiens, et qui laissez de côté la justice et l’amour de Dieu. Luc 11/ 42
Anomia = Iniquité
ἀποχωρεῖτε ἀπ' ἐμοῦ οἱἐργαζόμενοι τὴν ἀνομίαν.
Numquam novi vos; discedite a me, qui operamini iniquitatem.
Écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. Matthieu 7/23
Asebeia = Impiété.
Ἀποκαλύπτεται γὰρ ὀργὴ θεοῦ ἐπὶ πᾶσαν ἀσέβειαν
Revelatur ira Dei super omnem impietatem
La colère de Dieu se révèle contre toute impiété. Rom 1/18
Pour être complet, il faudrait savoir combien de mots, hébreu et grec, la Vulgate traduit par le participe passé peccatum.
Si les textes sacrés présentent la transgression à la loi de Dieu comme une faute, une rébellion contre Dieu lui-même, aucun ne parle de péché originel, y compris Genèse 2-4 et les Épitres de Paul.
Ce lieu théologique, que les confessions chrétiennes apprécient différemment, relève d’une simple construction intellectuelle.