mariage
Mariage
Maître, cette femme a été prise en flagrante procédure de divorce. Dans la loi chrétienne, Jésus nous a prescrit de l’interdire. Le maître se baissa et se mit à tracer du doigt des traits sur le sol. Le maître se redressa et dit : que celui qui n’a jamais eu l’intention de quitter le domicile conjugal, s’interdise toute procédure de divorce. Et s’inclinant à nouveau, il se remit à tracer des traits sur le sol. Après avoir entendu ces paroles, ils se retirèrent l’un après l’autre, à commencer par les plus jeunes et le maître resta seul. Comme cette femme était toujours là, le maître se redressa et lui dit : femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? Elle répondit : personne, seigneur. Et le maître lui dit : moi non plus, je ne te condamne pas ; va et procède.
Historique
Bien que me mariage soit avant tout une affaire privée, 2 personnes décidant de vivre à même pot et à même feu, les textes juridiques romains ou religieux juifs ne font pas allusion à un rituel religieux. Et pour cause, il n’en existait pas jusqu’au VIIe s.
En effet, le mariage est un janus biffrons : affaire privée par essence, il est aussi la base de toute société humaine qui a besoin de procréation et d’éducation pour exister.
Les noces de Cana rappellent la manière juive de le célébrer. Les familles se mettent d’accord pour unir leur fils et leur fille. Puis commence la fête. Commentant ce passage, les Pères grecs et latins se sont majoritairement élevés contre ces fêtes qui se terminaient le plus souvent en beuveries à toutes les époques, s’éloignant volontairement, sans doute du sens du texte : le 1er signe de l’annonce du mystère eucharistique.
En droit romain, dont le droit canon est un des rameaux historiques, le pater familias décide de tout, et en particulier du destin matrimonial de ses enfants.
Jésus apporte 2 choses nouvelles à l’humanité : la liberté et la charité.
Chose inouïe pour les juifs et pour les païens, l’homme et la femme doivent se dire oui pour être déclarés mariés.
Les textes du Nouveau Testament qui font allusion au mariage, à l’adultère et à la répudiation, indiquent clairement les différentes difficultés que rencontrent les chrétiens, car jamais Jésus Christ ne parle du mariage comme institution et encore moins comme sacrement, puisque, juif, cela lui est étranger.
La nouvelle conception qu’apportent les chrétiens, met en quelque sorte la société grecque et latine en péril. Au sommet, le fils ou la fille du pater familias accepte ou refuse ; en bas, comment se marient les esclaves chrétiens puisque leur fruit devient propriété du maître.
Fin VIe s., le silence du Grégoire de Tours est plus bruyant que le tonnerre le plus faible.
A partir des VIIe et VIIIe s., suivant une lente évolution, le chrétien romain se marie en présence d’un représentant officiel de son église, évolution logique du pouvoir du pater familias latin.
A la conquête du nouveau monde. Amour et liberté
Petit chrétien de base, la hiérarchie catholique m’a toujours laissé de marbre, surtout par ces vessies historiques qu’elle voudrait bien faire passer pour des lanternes actuelles.
La veillée pascale 1967 fut vraiment un coup de tonnerre dans notre vie. Ni l’un ni l’autre nous ne nous connaissions avant ce samedi saint.
J’ai toujours vécu cette rencontre comme un clin d’œil malicieux de l’Esprit Saint à mon égard. La barbe de passer mes derniers examens universitaires, de préparer ma rentrée dans la vie active, autrement dit économique, et puis ce cadeau délicieux, plein d’imprévus. Toutes les qualités apparentes de Geneviève se sont évanouies une à une pour laisser apparaître les vraies, les réelles, les fécondes, en un mot celles qui m’apportaient l’amour et la liberté.
Amour.
Pas d’amour des autres sans s’aimer soi-même. Pas si ridicule que cela. Aimer ma pauvreté de sentiment, ma gloriole de personne qui voudrait tout savoir, tout connaître, tout diriger.
Liberté
Mes premiers pas vers la liberté furent d’apprendre à me connaître, à reconnaître les autres, à comprendre la personnalité de Geneviève, toutes les deux empêtrées dans des histoires dont nous n’avions même pas conscience et qui paraissait évidente à l’autre.
Après une jeunesse calme et paisible, j’ai compris que ce monde familial m’interdisait tout effort : une famille de paresseux intelligents. Et moi, besogneux et limité. Il me fallait travailler pour vivre.
J’ai toujours admiré les personnes naturellement bonnes. A mon grand désespoir, je n’en faisais pas partie. Et puis derrière cette bonté j’ai vu aussi des lâchetés.
Les personnes restent donc identiques à leur vérité.
Petit à petit, je me suis fit une vérité de la vie. S’il existe une science de la psychologie et de la sociologie, leur objet est donc immuable. Sous son corps et sous son âme, la personne change d’habit ; l’inconscient reste, le conscient donne le change.
Ma liberté, c’est respecter celle de Geneviève. D’un commun accord, nous avons décidé de nous dire ce que chacun d’entre nous voulait dire. Les lettres restent cachetées jusqu’à l’ouverture par leur destinataire. Les mots de passe restent secrets pour chacun de nos comptes. Parler, oui, mais avec mon jardin secret qui fait que je reste moi.
Cette liberté trouva de nombreux points s’achoppement
Le principal reste la prière domestique. Elle me fait horreur. Peut-être un vieux reste d’obligation familiale. Pour moi, il y a 2 façons de prier : personnelle, le livre de vie à la main ou dans la tête ; collective, la liturgie. Tout le reste vient des jésuites et de leur casuistique.
Des petits détails de la vie quotidienne. Parler à 2 ou 3 pièces de distance, même si je comprends. Faire passer le secondaire avant mon essentiel, le travail ; j’aime produire, j’aime travailler.
Glander est mon désespoir. Par exemple, la marche à pied avec des personnes, oui ; la marche à pied pour me maintenir en forme, zut. Sans être hyperactif, j’ai horreur de perdre mon temps : la parlotte au téléphone, développer des idées qui ne peuvent ni me servir ni servir une autre personne.
Prévoir le long terme en agissant dans le court terme. J’adore voir bien bâtir sur le roc.
Geneviève possède toutes ces qualités et bien d’autres qui m’ont toujours impressionnées. Organiser un voyage en emmenant jusqu’au superflus qui pourrait être très utile. Se fixer un but et le réaliser, alors que je préfèrerai partir le nez au vent.
Pas facile, quand même, cette vie commune.
Et pour si longtemps
Et depuis si longtemps
Pour terminer, cette prière que Geneviève a composée et lue à la messe de funérailles de sa tante Micheline Bernigault-Vannier, épouse de son parrain Pierre Vannier.
Marie Josèphe et Jacky, Denis et moi-même ne voulons pas témoigner du film d'horreur que nous avons vécu ce lundi de Pentecôte 2009 mais de la joie de tante Micheline [Vannier] à partager ce dont elle rêvait depuis toujours : l'appartement face à la mer, le sable et le soleil.
Oncle Pierre est parti il y a 5 ans, nous avons vécu avec toi ton immense peine et ta difficulté à accepter et à apprendre à vivre sans lui. Aujourd'hui, tu l'as rejoint.
Bien que l’Église t’ait refusé tout secours depuis plus de 40 ans, ta charité, ta foi et ton espérance sont restées intactes.
Tout au long de ta vie, tu as comblé chacun d’entre nous de ton amour, de ton affection, de ta tendresse, de ta générosité, de ton attention. Tu n'admettrais pas notre désolation. C'est pourquoi au décours de cette célébration, nous allons tous ensemble louer le seigneur pour tout ce dont il t'a comblé et que tu as su si bien partager.
Nous avons eu la chance de te connaître.
Merci Seigneur.
Geneviève Maechel
www.denisjeanson.fr