le mariage en chantant

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Droit civil.

 Vers 2000 av. J.C., existe dans les tribus indo-européennes, celtes, germaniques, slaves, indiennes, etc., un régime matriarcal polyandrique, avec des cellules familiales de 20 à 60 personnes. Ce système, qui donne tous les pouvoirs à la femme, engendre une violence telle qu'elle provoque un renversement en faveur du patriarcat aux alentours de 1000-900 av. J.C., en Israël, en Grèce et à Rome.

L'homme s'octroie le pouvoir. L'exigence de virginité de l'épouse assure aux enfants 2 parents, puisque la paternité est connue. Le droit romain améliore ce régime en instaurant un contrat juridique avec séparation des biens et divorce possible. Ce droit trouva sa continuation dans le droit écrit des provinces du Sud et dans le droit coutumier des provinces du Nord de la France.

A partir du IIIe s., le mariage romain, jugé trop lié à des intérêts financiers, recule au profit du concubinage. Dès avant la proclamation du christianisme comme religion d'État, en 392, à partir de sa relecture de l’Écriture, saint Ambroise fonde le couple sur le consentement libre des 2 époux. Malgré le patriarcat et la polygamie en vigueur chez les envahisseurs germaniques, au Ve s., une longue lutte s'engagea alors en faveur de l'égalité de l'homme et de la femme, dont Grégoire de Tours reste le témoin privilégié.

Sacrement

 

Matthieu 19/3-6 : Des pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le mettre à l’épreuve: Ils lui demandèrent : Est-il permis de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? Il répondit : N’avez-vous pas lu l’Écriture ? Au commencement, le Créateur les fit homme et femme, et il leur dit : Voilà pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. A cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas !

Les Églises chrétiennes reprennent systématiquement ce texte et bien d’autres comme argument d’autorité, canonique ou morale. Oubliant que le chrétien, d’origine juive, devait lutter contre la résurrection, telle que la concevaient le pharisien, pour imposer son interprétation. Comme le montre l’évangile de Matthieu, la lutte fut sanglante.

Jésus obéit à son père. Son problème n’est pas de connaitre comment les personnes se fricotent et se tripotent, Jean 8/1-11.

De là, saint Paul fit émerger un premier modèle de couple chrétien, la famille nucléaire vivant sous le même toit, la femme étant partenaire de l'homme : ni pute ni soumise mais compagne.

Durant le premier millénaire de l'histoire de l'Église, le mariage se célèbre hors des cérémonies liturgiques, suivant les coutumiers sociaux et familiaux, assorti des exigences de l'Évangile : monogamie, fidélité, car les baptisés se marient dans le Seigneur (Eph. ch. 5). Au cours de l'assemblée liturgique dominicale qui suit, est prévue une prière de bénédiction de l'épouse. A son sujet, les débats furent passionnés entre les théologiens, notamment sur 2 points.

Le premier concerne la sexualité, considérée comme mauvaise, entachée de péché et donc difficilement acceptable comme matière d’un sacrement. Saint Thomas réfute cette thèse à mots couverts en y voyant un remède à la concupiscence naturelle.

Le second tient à l'enjeu que représenta pour l'Église de gérer, de contrôler et d’administrer le mariage des princes, puis du peuple, l'arrachant en quelque sorte à son autonomie familiale et sociale. Elle a ses raisons : le mariage des princes est l'occasion d'alliances, de conquêtes de royaumes, qui peuvent mettre en péril son influence, car il se fait et se défait au gré des intérêts bien plus qu'en fidélité au sens du mariage chrétien, comme le montre le cas d’Aliénor d’Aquitaine. Quant au mariage des gens du peuple, point d’argent, point de suisse, il se passe de contrat et respecte le choix et la liberté du consentement des conjoints suivant des intérêts sociaux et financiers.

Progressivement, le rite coutumier et familial béni par le prêtre, devient un rite obligatoire, et sa présence devient nécessaire pour le contrat et l'échange des consentements. Celui-ci va prendre la place du père de famille, marieur,  puis devenir au XVIe s. en même temps que le ministre requis pour le sacrement, le notable attitré pour les contrats. Réalité que confirme la rédaction de chaque Coutume.

Cet équilibre fut remis en question lors de la crise de civilisation aux XIVe et XVe s. La misogynie, la croyance en l'impossible maîtrise des sens chez les femmes enclenchent de violentes critiques contre l’Église ainsi que  contre la Réforme protestante avec son puritanisme souvent excessif.

Le sacrement de mariage fait son apparition théologique dans les conciles provinciaux dès le VIe s., mais implique, malgré les résistances des contemporains, le refus du divorce.  Au IVe concile du Latran en 1215, le mariage est intégré dans la liste officielle des sept sacrements de l'Église.

En 1563, le Concile de Trente affirme que la procréation prend place à côté de la réjouissance mutuelle des époux, sans remède à la concupiscence. La cérémonie religieuse devient obligatoire, les époux donnant leur libre consentement devant un représentant officiel de l’Église.

La monarchie d'Ancien Régime refuse de reconnaître cette liberté aux jeunes personnes, et le monopole du discours amoureux passe aux mains des philosophes des Lumières ; Voltaire propose le modèle de l'amour libre, Rousseau celui du couple fidèle par devoir.

 La loi du 20 septembre 1792 réalisa la liberté de consentement mutuel dans le cadre du mariage civil, issu du droit romain, mais l'autorisation du divorce par consentement mutuel provoqua une telle augmentation du nombre de séparations que le code civil de l’an XII le supprima et remit la femme sous l'autorité du mari, même s’il prévoyait la possibilité de divorcer.

 Au XIXe s., bizarrement, l'Église fit alliance avec le romantisme. Sur l’idée de saint Paul, le couple chrétien, créé par choix mutuel, libre et conscient, se généralisa alors. Triomphe alors, avant 1880, un mariage d'amour, même s’il reste entaché de raison, avec choix mutuel du conjoint. D’où la loi de 1884 sur le divorce. Les 2 guerres mondiales remirent encore cet équilibre en cause.

 De nouvelles représentations de la sexualité, du couple, de la famille s’installent, provoquant des changements de comportement dans la société, mais aussi chez les chrétiens : vie commune avant le mariage, cohabitation excluant toute démarche par rapport à l'Église ou à l’État, naissance illégitime, accroissement du nombre des divorces, présence grandissante dans les communautés chrétiennes de divorcés remariés. Ce nouveau contexte impose au chrétien ces nouveaux enjeux et l’oblige à réfléchir sur le sens du mariage comme sacrement.

 Une nouvelle crise du mariage s'ouvre à partir de 1960, que reconnait, en 1975, la loi sur le divorce par consentement mutuel et en 2009 sa procédure simplifiée. Enfin arrive le mariage pour les homosexuels et pour les lesbiennes.

 Le couple chrétien, composé, décomposé, recomposé, est aujourd'hui confronté à un nouveau défi : montrer que le sentiment amoureux ne suffit pas, que la volonté de mener à bien un projet durable est possible grâce à cette folie de Dieu qui s'appelle la fidélité, version papale.

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B
<br /> Le mariage pour tous: je suis agacé par tous les documents<br /> des catho qui inondent ma boite mail. Si  je n'étais pas dans l'Eglise  tous ces discours ne m'inciteraient pas à y entrer. Je n'aime pas les croisades et je me méfie des vérités que<br /> l'on ne peut contredire.  En outre  pour nos autorités ecclésiales  le mariage civil est nul , pas reconnu comme valide, ni même le mariage contracté devant une autre autorité<br /> religieuse. e me souvient de mon infirmière à Etréaupont, qui s'était mariée une première fois avec un protestant dans un temple , puis a divorcé et a pu se marier une seconde fois  devant<br /> le prêtre catholique, sans difficulté aucune.<br /> <br /> <br /> François<br />
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